L’habit de feuilles

mai 02, 2014

Pour illustrer une des manières de travailler avec la métaphore, voici UN EXEMPLE PRATIQUE D’UNE MÉTAPHORE ISOMORPHIQUE écrite pour UNE ENFANT DE 4 ANS.

La métaphore iso morphique est une histoire construite ‘sur mesure’ pour l’enfant. Il s’agit d’une correspondance entre les éléments de la problématique de l’enfant et les éléments de la métaphore. Une manière indirecte de parler de son problème et de suggérer à son inconscient des pistes de résolution.

metaphore isomorphique" L’HABIT DE FEUILLES "

Isabelle est une petite fille de quatre ans, très nerveuse. Face à la frustration, elle déclenche des accès de colère avec des toux très fortes jusqu’à se faire vomir. Ce comportement se manifeste surtout dans le milieu familial et très rarement chez la nourrice. Quand elle vient la première fois avec ses parents, elle bouge beaucoup avec des petits mouvements saccadés, des crispations au niveau du visage et un regard tendu. Le papa est très réticent et la demande vient surtout de la maman, elle-même fort nerveuse.

Isabelle a un petit frère qui est né dix-huit mois après elle, envers lequel elle manifeste une grande agressivité. Le père du papa d’Isabelle s’est suicidé dans la maison où ils habitent maintenant. Et cet événement semble planer dans la maison.

Isabelle me semble être le centre de nombreuses influences : la mère, le père, le grand-père décédé et les autres grands parents également. Beaucoup de souffrance et d’événements difficiles dans cette famille, je n’ai relaté ici que les principaux. Et Isabelle m’apparaît comme une éponge qui absorbe toutes ces souffrances et qui renvoie de la colère car tout cela est bien trop lourd pour elle.

Mon premier objectif est de la protéger de ces influences extérieures pour qu’elle se retrouve, d’installer une bulle de protection autour d’elle comme une deuxième peau sur laquelle rebondiront les angoisses et la nervosité extérieure.

Je construis une métaphore car à cet âge-là, c’est le principal outil que j’utilise.

Cette construction est à la portée de chacun si l’on se fait confiance, notre inconscient est là pour nous aider. Au premier entretien, je note des informations, j’observe beaucoup comme la P.N.L. nous l’apprend. Mais je sais que mon inconscient perçoit encore bien plus et qu’il me transmet ses informations au travers de « cette intuition » que chacun peut avoir. Alors j’y suis très attentive.

Un certain malaise m’envahit quand Isabelle repart, je la sens fragile, sur la défensive et la première image qui me vient est celle d’une enfant dont la peau est brûlé, à vif, vulnérable. Cette enfant n’a aucune protection contre les influences extérieures. C’est ce ressenti qui m’a orienté à explorer sa protection.

Quand cet objectif est fixé, je sais que mon inconscient est déjà en train de travailler et je l’y encourage. Dans les jours qui suivent, je repense régulièrement à Isabelle, je lui envoie dans mes pensées déjà beaucoup d’amour et la métaphore se construit progressivement mais d’une façon plutôt désordonnée, je laisse venir les idées ou les images.

Puis je m’installe pour rédiger la métaphore en demandant à mon inconscient de mettre ensemble toutes les pièces du puzzle et je commence à écrire. Je vois l’histoire et je suis déjà en contact avec Isabelle. Je construis la trame de la métaphore dont l’histoire est la suivante :

« Tous les enfants d’Afrique ont la peau noire, elle les protège du soleil. Il y a très longtemps, un enfant d’Afrique était né avec la peau blanche, une peau très fragile. Le soleil, si chaud là-bas, le brûlait. Il ne pouvait sortir de sa hutte sans être brûlé et il se voyait contraint aux heures les plus chaudes, de rester à l’intérieur de sa hutte car à cette époque, dans la brousse, les petits africains vivaient quasiment nus. Cela le mettait dans des colères terribles car il devait rester caché pendant que les autres enfants jouaient dehors.

Un jour en regardant les grands arbres de la forêt, il eut l’idée de se faire un habit de feuilles fraîches du plus bel effet. Il se sentit tellement bien qu’il alla vers les autres enfants pour jouer. Cela tenait du miracle! Les rayons du soleil rebondissaient sur les feuilles et il avait seulement une sensation de chaleur agréable. Même les grosses pluies qui tombaient régulièrement sur la forêt glissaient sur son habit laissant sa peau au sec. Désormais il pouvait aller où il voulait, sortir, jouer et se faire des amis : il était protégé. D’ailleurs très vite les autres enfants en firent autant et chacun se fabriqua son habit de feuilles. »

Maintenant la métaphore est construite. Comment la raconter ?

Quand Isabelle arrive à la séance suivante, je m’assois avec elle par terre. Devant nous s’étalent des feuilles de couleur.

Je commence à lui raconter cette histoire tout en faisant un premier dessin présentant la situation. Je l’encourage à compléter le dessin si elle le souhaite, je lui demande quelle couleur elle aimerait pour la faire participer. Au fur et à mesure de l’histoire, je fais d’autres dessins. Et à la fin, nous avons devant nous trois ou quatre feuilles de dessins où se déroule l’histoire.

Pour terminer, je lui demande si elle aimerait avoir elle aussi un habit de feuilles. Elle se dirige alors dans un coin de la pièce et là, le portemanteau devient un arbre de la forêt africaine. Elle mime et pose sur tout son corps, avec une grande attention, des feuilles invisibles pour nous mais avec lesquelles elle est en train de se construire « sa protection ». Quand elle a terminé, son visage est détendu, son regard plus limpide et elle bouge en explorant pour elle le confort de cette protection.

La séance suivante, la maman, beaucoup plus détendue, me dit que les colères ont diminué et qu’elles passent plus vite.

Bien sûr, ce travail sera complété par d’autres métaphores construites sur le même principe avec des objectifs différents.

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